Et la « troisième révolution » justement, qu’a-t-elle de remarquable ?
Tout s’accélère à partir de la Belle Époque. Un véritable tsunami d’inventions plus essentielles les unes que les autres : similigravure, trichromie, offset, puis, un peu plus tard, photocomposition, enfin, dans la seconde moitié du XXe siècle, informatique et numérique. Parmi ce pullulement de technologies nouvelles, la disparition du caractère-plomb et l’émergence du numérique bouleversent du tout au tout la donne de l’imprimerie traditionnelle.
Ne craignez-vous pas que le visiteur s’y perde, parmi toutes ces techniques ?
Non, car il dispose de nombreux repères pour le guider ; de textes clairs et brefs, de films audiovisuels dans la partie la plus contemporaine. Au lieu d’un dispositif d’accumulation un peu « entêtant », j’ai préféré choisir en tout 140 œuvres très révélatrices et très emblématiques. Un choix difficile, comme vous l’imaginez !

Au-delà des « techniques révolutionnaires », comment percevez-vous le livre et quel reflet avez-vous souhaité en donner dans cette exposition ?
Le livre est pour moi presque « sensuel ». Pour donner une image forte, je dirai qu’il a une âme. Il peut être source de plaisir et d’émotion. Beaucoup d’entre nous se sont déjà familiarisés avec Internet et les sites Web. Il serait stérile de s’interdire ce regard neuf sur le monde. De son côté, le livre électronique a de beaux jours devant lui. Et il n’est pas exempt de qualités bien sûr. Mais le livre à pages a les siennes. Sa poésie, son architecture, l’odeur de son papier, le velours de ses illustrations, la netteté de sa typographie. Une vraie présence qui, encore une fois, parle aux sens.