Ne craignez-vous pas de tomber, d’une certaine façon, dans une sorte de nostalgie passéiste ?
Sûrement pas. Cette exposition se situe au contraire dans la tradition d’innovation du CNAM, et j’ai voulu être à l’écoute des avancées techniques, les comprendre et les encourager. Mais cette fenêtre sur l’avenir ne doit pas s’ouvrir sur un paysage d’autodafé ! Il m’importe vivement que les jeunes comprennent tout le plaisir et tout le charme qui émanent du « livre en papier ». Tout autant, je tiens à ce qu’un public qui n’est pas familiarisé avec les nouvelles technologies en découvre tous les enjeux. C’est cette double logique qui a guidé mon approche du livre dans cette exposition.
Avez-vous aussi envisagé le livre sous l’angle de ses contenus ?
C’est en effet l’un des axes transversaux de l’exposition. Comment perdre de vue que c’est toujours l’homme qui tient le gouvernail de l’Histoire ? Idéologies des textes, courants esthétiques, politiques éditoriales… Au fond, le livre traduit les besoins et les attentes d’une société en constante mutation, ses goûts. Mais aussi ceux qu’on lui veut inspirer ou imposer. Dans sa banalité comme dans sa splendeur, le livre est un pouvoir. Son sens pèse donc d’un poids plus ou moins fort sur la culture et la sensibilité de chacun, sur la conscience collective.
C’est dire le stimulant qu’il doit rester pour notre esprit critique !